22 mars 2021
Responsabilité · Chaîne d'approvisionnement
Une voie prometteuse pour le coton et l’eau : Foire aux questions avec le Dr Andrew Jordan dans le cadre de la Journée mondiale de l’eau
À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, nous avons rencontré le Dr Andrew Jordan, militant du développement durable et conseiller pour le Cotton Council International (CCI), pour Cotton Incorporated et pour le U.S. Cotton Trust Protocol (USCTP), afin de connaître son point de vue sur la relation entre le coton et l’eau. Poursuivez votre lecture; il déboulonne certains mythes entourant l’utilisation de l’eau et la culture du coton et dresse un tableau prometteur de l’avenir du coton dans l’industrie du vêtement et de la mode.
Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre parcours et de ce qui vous a amené à défendre le développement durable dans l’industrie du coton?
J’ai été directeur des services techniques au National Cotton Council (NCC), une organisation commerciale qui compte des membres provenant de tous les maillons de la chaîne de valeur du coton, des agriculteurs aux fileurs de textile, et tout ce qui se trouve entre les deux. J’ai également travaillé dans le secteur de la promotion des exportations, où je collaborais avec des fabricants internationaux et de clients de marque. Cette période de ma carrière m’a permis de découvrir que les acheteurs de coton du monde entier s’intéressent au coton cultivé de manière éthique et durable.
Mon intérêt profond pour le développement durable trouve son origine dans le travail de mon père, qui était un chef de file dans le domaine de la conservation des sols et de l’eau. Il était un innovateur et était toujours parmi les premiers à adopter les dernières pratiques en matière de conservation, ce qui faisait de lui une source d’inspiration pour d’autres agriculteurs de la Géorgie, où se trouvait notre ferme.
Quels sont les principaux enjeux de développement durable relatifs au coton?
La préoccupation générale est de savoir comment maintenir un équilibre sain entre les trois piliers du développement durable : l’aspect environnemental, l’aspect social et l’aspect économique. Parmi les enjeux environnementaux, il y a la réduction de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre liées à la production de coton. De plus, le traitement éthique des travailleurs constitue un enjeu social, et les enjeux économiques tournent souvent autour de la rentabilité de l’industrie du coton et de son impact sur les agriculteurs. Si les producteurs de coton ne parviennent pas à prospérer, les autres piliers n’y arriveront pas non plus. Le coton est souvent cité comme une culture gourmande en eau.
Comment la production de coton affecte-t-elle l’utilisation de l’eau dans le monde?
Quand on la considère dans le contexte de l’agriculture mondiale, la consommation en eau de la culture du coton est en fait assez faible. Cela s’explique par le fait que le coton est une culture tolérante à la sécheresse et qui nécessite une irrigation minimale. Sa capacité à s’accommoder aux climats secs en fait l’une des cultures les plus polyvalentes de la planète.
Il y a des années, l’eau était malheureusement gaspillée. À l’époque, il y avait une abondance d’eau, mais les agriculteurs manquaient de connaissances sur son utilisation efficace et sur les moments d’irrigation nécessaires. C’est cette surutilisation qui a créé le mythe qui veut que le coton soit une culture gourmande en eau. Heureusement, grâce aux avancées en génétique et aux technologies modernes, la culture et la récolte du coton nécessitent maintenant moins d’eau. Depuis 1980, nous avons en fait réduit de 79 % la quantité d’eau utilisée pour chaque livre de coton produite, et l’objectif de l’industrie américaine du coton est d’accroître de 18 % l’efficacité de son utilisation de l’eau d’ici 2025.
Qu’est-ce qui rend les techniques de récolte du coton américain plus responsables?
Les opérateurs de récolteuse sont spécialement formés sur l’utilisation de jauges et d’instruments permettant d’effectuer un suivi de la récolte. Cela les aide à mesurer et à consigner des informations importantes qu’ils utilisent ensuite pour étayer leurs futures décisions de gestion. En fin de compte, cela contribue à réduire davantage l’empreinte environnementale de la culture du coton.
Une autre composante essentielle du développement durable est le bien-être des travailleurs. Aux États-Unis, nos pratiques et nos normes préviennent avec efficacité la pratique de traitements contraires à l’éthique envers les travailleurs. L’USCTP a adopté des critères liés à ses principes fondamentaux, qui stipulent que les lieux de travail et les environnements doivent être équitables, justes et sécuritaires pour la main-d’œuvre de l’industrie. De plus, près de 100 % du coton américain est récolté mécaniquement, ce qui contribue à créer des conditions de travail plus sécuritaires et moins stressantes.
Pouvez-vous nous parler plus en détail de la consommation en eau de la culture du coton aux États-Unis?
Aux États-Unis, environ 65 % de la superficie consacrée à la culture du coton se fait sur des terres utilisant uniquement la pluie comme source d’eau. Les surfaces cultivées restantes sont généralement irriguées afin de suppléer aux précipitations naturelles. Ceci est important lors des années plus sèches, où avoir la possibilité d’irriguer constitue une bonne assurance contre la perte des récoltes. En 2020, moins de 4 % de la superficie américaine consacrée à la culture du coton était totalement dépendante de l’irrigation.
La culture du coton avec de l’eau de pluie est-elle une pratique répandue?
La culture du coton avec de l’eau de pluie est une pratique utilisée partout dans le monde, et le recours à l’irrigation varie d’une région à l’autre. Dans les climats désertiques et arides, comme dans l’ouest des États-Unis, en Australie ou en Israël, l’irrigation est essentielle.
Quelles sont les méthodes ou pratiques d’irrigation durables à la disposition des producteurs de coton dans les régions où l’eau est rare?
Il existe un certain nombre de nouvelles techniques qui font appel à des technologies permettant d’économiser l’eau. Par exemple, les systèmes d’arrosage contrôlés par ordinateur permettent d’appliquer uniquement la quantité d’eau nécessaire à la croissance des plantes, éliminant ainsi tout gaspillage d’eau.
Un sol en bonne santé améliore également la résilience des cultures. Les agriculteurs peuvent contribuer à la santé des sols en plantant des cultures de couverture, en adoptant de meilleures méthodes de labour et en augmentant la teneur en matière organique du sol. Cela est essentiel pour améliorer la capacité du sol à absorber une plus grande partie des précipitations naturelles et à conserver cette eau pour les jours sans pluie. Un agriculteur que je connais dit que la bonne santé de son sol est son « système d’irrigation des pauvres », car, comme son sol est en bonne santé, il n’a pas besoin d’utiliser de systèmes d’irrigation, lesquels requièrent un investissement important. Au lieu de cela, il se fie uniquement à la capacité accrue de son sol sain à retenir l’eau. Ce réservoir supplémentaire en eau permet à son champ de traverser les périodes de sécheresse.
Quels sont certains des obstacles qui empêchent les agriculteurs des régions où l’eau est rare d’utiliser ces méthodes?
Les obstacles les plus importants sont les investissements en temps et en argent qu’exigent certaines de ces méthodes, qui n’offrent aucune garantie de succès à court terme. La mise en œuvre d’un programme de santé des sols n’est pas une stratégie ponctuelle qui peut être réalisée en peu de temps. Cela demande des années de travail acharné et, pour les agriculteurs dont les marges sont faibles, le fait d’augmenter ses investissements sans pouvoir bénéficier à court terme de retombées financières accrues représente un pari risqué.
Le gouvernement fédéral américain a reconnu les difficultés que de tels investissements à long terme peuvent avoir pour certains agriculteurs. C’est pourquoi le Natural Resources Conservation Service (NRCS) des États-Unis a mis à la disposition des agriculteurs un montant limité de fonds à utiliser pour ces programmes afin de réduire l’impact des coûts initiaux.
Du point de vue du développement durable, quelle est votre vision de la culture du coton pour les années à venir?
Ma vision initiale en est une d’enthousiasme. Je vois que nos stratégies agricoles sont en bonne voie de nous mener à la carboneutralité. Selon le National Cotton Council, l’industrie américaine du coton a continué à réduire son impact sur l’environnement au cours des 30 dernières années et, d’ici 2025, son objectif est de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 39 % de plus. Alors que nous continuons à réduire nos émissions de gaz à effet de serre, je pense que le coton sera la fibre de choix des marques de vêtements et de l’industrie de la mode pour l’atteinte de leurs objectifs fondés sur des données scientifiques.
Je prévois également un accroissement de la reconnaissance du coton comme plante à énergie positive, car l’énergie contenue dans l’huile de coton dépasse largement l’énergie utilisée pour sa production. Je pense également qu’en poursuivant nos progrès en matière de développement et d’adoption de pratiques plus durables, nous serons en mesure de maximiser les avantages liés à la santé des sols et d’améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’eau de 50 % de plus.
L’industrie américaine du coton a publié une série d’objectifs à atteindre d’ici 2025 pour relever les défis environnementaux liés à l’eau, à la conservation des sols, au carbone, aux émissions de gaz à effet de serre et à l’efficacité de l’utilisation des terres. La réalisation de ces objectifs constituera une reconnaissance importante du fait que le coton américain représente, et continuera de représenter, une fibre responsable de choix pour l’industrie du vêtement et de la mode.
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Pour ses produits, Gildan s’approvisionne principalement en coton américain de haute qualité qui est cultivé selon des pratiques éthiques et durables de premier plan. Pour en savoir plus sur l’engagement de Gildan en matière de coton, consultez le site Web Responsabilité authentiqueMD de l’entreprise.
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